mardi 10 février 2015

Micah P. Hinson and The Nothing : Country 5 étoiles

Ce dont il est question
Oh honte sur moi qui suis passé à côté d'un album majeur de la country contemporaine, celui de Micah P. Hinson, modestement titré Micah P. Hinson And The Nothing, publié fin 2013. Un disque qui sort à une époque encore douce et insouciante, qui n'a pas connu les attentats de Charlie, sur un excellent label indépendant du sud-ouest français, Talitres, qui s'échine depuis 2001 à faire émerger des musiciens de qualité en mal de notoriété. Les Bordelais ont déjà déniché, entre autres pépites, François And The Atlas Mountains, Ewert And The Two Dragons, The Wedding Present ou encore Motorama, pour les plus fameux.
Ouvert sur l'international, le label prête ici son rayonnement à un crooner country américain relativement reconnu chez lui mais encore peu médiatisé en France. Un bel exemple de collaboration franco-américaine, comme à la grande époque. Et ce pour la bonne cause : l'album est un vrai bijou.


Sauvé par le père noël et surtout par ma mère qui a déposé ce petit objet quadri-dimensionnel au pied du sapin, j'ai découvert ce grand disque, un an après. Qu'importe, le voilà maintenant qui fait vibrer les murs de mon réduit, jour et nuit.

Ne connaissant rien de ce trentenaire texan, je me fie au macaron sur la pochette qui annonce une country racée et renouvelée, dans la lignée des plus grands. Curieux, je lance alors la première piste, How Are You Just A Dream, et là, c'est l'incompréhension : guitares sifflantes, pulsation énervée et chanteur qui braille. C'est parfaitement exécuté, mais ça c'est du garage, pas de la country. Est-ce une blague de l'éditeur ?
Le mystère est résolu dès la suivante, une bonne vieille ballade country à l'ancienne. Il voulais juste se faire plaisir sur l'intro.. On The Way Home (To Abilene), avec son arrangement minimaliste, sa pedal-steel appliquée, son sublime solo de guitare tout en économie, et surtout la voix de Micah P. Hinson, somptueusement déchirée, me scotche littéralement durant 3 minutes. La mélancolie accouche souvent de bonnes chansons, mais alors là, on touche à la perfection. A écouter le soir en rentrant chez soi, après une dure journée de boulot, comme l'a peut-être fait Micah P. Hinson, "on the way home to Abilene", le petite bourgade du Texas où il a écrit ce disque.

L'ami Micah P. Hinson
Sur The One To Save You Now, Hinson se mue en véritable crooner country, simplement accompagné d'un piano, et poussant sa voix grave et éraillée dans des recoins plus risqués, avec une vraie maîtrise. I Ain't Movin', sur le même ton, prend la forme d'une véritable introspection, supprimant tous les artifices jusqu'à l'os : déchirant et magnifique.
Le reste de l'album alterne entre cette veine lente et mélancolique et d'autres chansons plus enjouées, banjos et guitares en bandoulière, comme The Same Old Shit, qui décrit l'affreuse banalité du quotidien avec une certaine lucidité : "and day after day after day, the same old shit"ou The Life, Living, Death and Dying of Certain And Peculiar LJ Nichols, morceau en forme de portrait au titre à rallonge qui renferme un jeu de pedal-steel plutôt jouissif. Quant à la référence à Johnny Cash lue sur le macaron, elle intervient de la façon la plus explicite sur Love, Wait For Me, somptueuse ballade où il mimétise de façon troublante le chant du maître. Plutôt fidèle à son pays, il inonde ses chansons de références à la religion, de façon évidente sur Good is God, et aussi de façon implicite dans certaines mélodies, qui rappellent des chants chrétiens.

Santander, record's place.
Pour la petite histoire, ces morceaux ont fait un petit tour du monde avant d'arriver jusqu'à nos oreilles. Écrites donc au Texas entre Abilene et Austin, publiées sur un label bordelais, elles ont été enregistrées en Espagne, dans un studio de Santander. Un périple ibère non sans incident pour Hinson, qui a eu un grave accident de voiture sur la route entre la Catalogne et les Asturies. Il s'en est tiré mais a gardé de sales blessures. Peut-être une explication à la beauté violente et tragique qui infuse une bonne partie de ce grand disque de country contemporaine. Micah, l'éclopé magnifique.

On the Way Home (To Abilene)
Country écorchée






dimanche 1 février 2015

Festival Air d'Islande : j'y étais

Air d'Islande #1 : une soirée qui manque de souffle

La première du festival de découvertes scandinaves n'a
pas tenu son rang

Mélomane curieux et grand amateur de musique nordique, qui nous a gâté ces dernières années avec First Aid Kit, Sigur Ros, Agnes Obel et autres FM Belfast, j'ai pris mes billets sans hésitation pour le festival "Air d'Islande", événement transdisciplinaire organisé par le collectif éponyme qui oeuvre depuis 2007 à la promotion de la culture islandaise, et dont la face musicale prenait ses quartiers au Point-Éphémère le temps de trois soirées de défrichage. Avec la promesse de découvrir ce qui se fait de mieux en ce moment au sein de la nouvelle génération indé, pop et rock scandinave. Une bien belle initiative pour combler les oreilles curieuses, et qui tombe à pic en cette fin de mois de janvier glaciale.

Kaelan Mikla : la forme sans le fond
Après une bonne pinte descendue dans la fraîcheur nocturne des berges du canal st-martin, on se réfugie à l'intérieur, avec un pote, prêt à gaver nos oreilles de nouveautés de qualité. La salle n'est qu'à moitié remplie, ce qui n'empêche pas les islandaises de Kaelan Mikla (ci-contre) d'envoyer la sauce. Premières à entrer en scène, les trois jeunes femmes nous cueillent à froid avec un punk-rock désossé et noir. Seules une bassiste et une batteuse accompagnent une chanteuse qui hurle des vers de poésie en islandais tout en se roulant par terre. Dans le même temps, la bassiste pousse des cris sans paroles, ce qui finit de plonger la salle dans une certaine angoisse. Artistiquement intéressant mais on ne comprend absolument rien aux textes, évidemment, et il manque quand même quelque chose. " Des performances live débridées", selon le site d'Air d'Islande : certes, mais la présence sur scène ne fait pas tout. "Des gamines en pleine crise d'adolescence", me souffle un ami pour résumer la choses. Soit.

Darkness Falls : classe et mystère
Dans ce petit tour du nord en musique, c'est ensuite au Danemark de prendre le relai, avec le duo Darkness Falls, formé en 2009. Deux jolies nanas, une brune aux machines et au chant et une blonde à la guitare, accompagnées par un mec à la batterie, et de loin le moment le plus plaisant du concert. Entremêlant les nappes de synthé et les guitares saturées d'effet légèrement planants, sur lesquels vient se lover la voix belle et puissante de la chanteuse, ils produisent une pop teintée d'électro assez agréable, entre certains morceaux assez groovy et rentre-dedans et d'autres beaucoup plus pop. Plutôt à l'aise sur scène, surtout la meneuse, et toutes d'eux fringuées avec des sapes éclatantes et 
multicolores, qui reflètent les variations de lumière, dans un esprit définitivement très pop. On danse et on rêve (un peu) durant 45 minutes. Un groupe à suivre, dont le premier album va être produit par le très demandé producteur danois Trentemoller, qui a manifestement eu du flair.

Neov : une pop sans intérêt
Cette première soirée du festival s'achève avec la prestation des finlandais de Neov. Le groupe le moins féminin du soir, avec 5 mecs qui se partagent 2 guitares, une batterie, une basse et une trompette. Influencés par les années 90 en terme de musique et par les grands lacs qui cernent leur village d'origine pour les textes, le groupe m'emmerde royalement pendant près d'une heure, entre imitation mollassonne de brit-pop anglaise 90's et sous Fleet-Foxes, pour ce côté harmonies/trompettes malheureusement peu efficient ici. Pour couronner le tout le chanteur a vraiment une voix affreusement banale, lisse et sans trop d'émotions. C'est la même chose pour leur musique en général, ça manque cruellement de vitalité, et de cohérence. En plus, leur live manque d'énergie. Non, franchement, ne perdez pas votre temps à écouter ces finlandais peu inspirés. Généralement on garde le meilleur pour la fin, mais alors là...


En fin de compte, cette première soirée du festival Air d'Islande est assez décevante. Je m'attendais à être embarqué par au moins un groupe. En l'état, vraiment rien de transcendant. Deux groupes assez faibles et un trio intéressant, Darkness Falls, mais qui ne soulève pas non plus de montagnes de créativité. Aucune mélodie ne m'est restée en tête, c'est dire. 
Une clôture en beauté : Mammut, héros islandais
Je n'ai pas assisté aux deux soirées suivantes, mais j'ai cru comprendre qu'elles étaient de meilleure facture, avec notamment le groupe Mammut qui jouait hier soir en clôture. Après 2 premiers efforts convaincants sortis en 2003 et 2008, ces rockeurs islandais ont conquis le public en 2013 avec un 3e album au nom imprononçable : Komdu til miin svarta systir.











Darkness Falls






Air d'Islande #1 : j'y étais

Quand j'ai eu vent de l'existence du festival Air d'Islande, organisé par le collectif éponyme qui promeut la culture islandaise et scandinave, avec notamment 3 soirées consacrées à la musique au Point-éphémère, j'ai aussitôt sauté sur l'occasion, me sentant investi de la mission périlleuse qui consiste à vous faire découvrir de nouveaux bons groupes.
Et comme les terres nordiques nous ont gâté ces dernières années en sons de qualité, j'avais grand hâte d'en entendre les dernières nouveautés indie, pop et rock, en live.
Un reportage sur la nouvelle scène nordique en escale à Paris, à retrouver en page Mélomania.

Bises,

Bobb'y