|
L'affiche de l'exposition |
Après un premier passage en 1966, au cours duquel il traîna dans les rues avec Johnny et dragua Françoise Hardy dans les coulisses de l'Olympia, l'immense Bob Dylan est de retour à Paname à travers une superbe exposition que lui consacre actuellement la cité de la musique. Intitulée "Bob Dylan, l'explosion Rock, 61-66", elle revient sur les 5 années les plus importantes de sa longue carrière, durant lesquelles il sortit ses meilleurs albums, parmi lesquels de réels chefs-d'oeuvre, et de très nombreuses chansons désormais érigées au rang de classique incontournable. C'est aussi au cours de cette période que le troubadour Folk contestataire se mua petit à petit en une icône rock-star. C'est cette évolution, fascinante, que la cité de la musique s'attache à retracer en proposant aux visiteurs un parcours chronologique autour des jeunes années du grand Bob, de son enfance à Hibbing à la consécration qui fit suite à la sortie de son double album Blonde on Blonde.
L'exposition, assez vaste, se divise en 3 parties : une galerie de photos en noir et blanc du jeune Dylan par Daniel Kramer (également co-organisateur de l'expo), le parcours chronologique principal qui s'étend sur trois grandes pièces mitoyennes, et enfin un espace au sous-sol sur ses différents passages à Paris, plus particulièrement sur celui de 1966 au cours duquel il rencontra Johnny.
|
La galerie de photos de Daniel Kramer |
Joliment encadrées, les photos nous montrent un Dylan à l'épreuve du quotidien, tour à tour perché dans un arbre, dans les coulisses d'un de ses concerts, chez lui avec Joan Baez, ou encore avec le grand Johnny Cash dans un café. Ces photographies sont toutes très touchantes et pleines de vérité, ce qui s'explique par le fait que Daniel Kramer, le photographe, était à l'époque devenu un intime de Dylan, qui restait donc naturel face à son objectif. Cette galerie de photos assez rares donne une réel valeur ajoutée à cette exposition et l'écarte d'un simple parcours conventionnel. En effet le parcours chronologique qui suit est moins originale, mais il est tout de même très intéressant, car très bien documenté et très bien fourni. Il est découpé en trois salles mitoyennes qui mêlent textes explicatifs, vitrines remplies de raretés (guitares d'époque, vestes griffées "Elvis", le manuscrit original de
Bound for glory de Guthrie, photos de classe du Bob lycéen à Hibbing...), extraits vidéos de concerts, pochettes vinyles de ses plus grands disques, paroles de ses chansons....Tous ces éléments, auxquels il faut ajouter la musique de Dylan qui résonnera 3 heures durant dans mes oreilles, concourent à plonger le visiteur dans l'univers de la légende.
|
L'album de la maturité Rock de Dylan |
La première des trois salles est consacré à son enfance, à ses premiers héros (Elvis et Buddy Holly) et à sa découverte de la musique Folk via Guthrie. La seconde explore la renaissance Folk du début des années 60 (Peter, Paul and Mary, Odetta, Pete Seeger) à laquelle Dylan participe avec ses 3 premiers albums, dont le fameux
Freeweelhin', qui inclut la mythique chanson Folk
Blowin in the wind. La dernière salle est consacrée à la mutation en 1965 de sa musique Folk en un Folk Rock aux textes surréalistes et poétiques, sujet central de l'expo, qui s'effectue d'abord sur son album
Bringing it all back home puis ensuite et surtout sur son chef d'oeuvre
Highway sixty one revisited, qui comprend la chanson
Like a Rolling Stone, véritable révolution à l'époque, avec ses 6 minutes et son texte aux accents désabusés et très cyniques. Cette nouvelle façon de jouer et d'écrire des paroles provoquent à l'époque de profonds changements : les textes des groupes de Rock deviennent "adultes", moins niais et anodins, mais plus virulents, et de nombreux groupes voient le jour dans le sillage du nouveau Bob, pour créer un véritable courant Folk Rock (The mamas and the papas, the Byrds, the Lovin' Spoonful...).
La dernière salle, au sous-sol, qui revient sur son passage à Paris en 66, nous éclaire sur ses rencontres avec Johnny et Françoise Hardy, sur son image en France à l'époque, et sur le mouvement Folk Français émergeant dans le sillage de Hugues Aufray, qui commençait à adapter les chansons de l'Américain. On apprend ainsi que de nombreux médias Français voyaient d'un mauvais oeil l'arrivée de cet Américain aux cheveux ébouriffés, mal présenté.. Ils le surnommaient le "beatnik millionaire", ironisant ainsi sur le décalage entre ses textes et son image contestataire avec sa fortune grandissante.
|
Dylan et Johnny à Paris en 66 |
L'exposition se clôt par un extrait de 15 minutes du documentaire
Don't look Back, qui date de 1966, dans lequel on observe les déambulations de Dylan à Paris, quand il rencontre ses fans, en conférence de presse..Ces épisodes parisiens sont souvent hilarants, notamment quand Dylan répond totalement à côté de la plaque à chaque question des journalistes - le journaliste : "qu'aimez vous dans la vie?" ; réponse de Dylan : "manger et fumer" - ou quand il annonce à des fans choqués que le mot "protestation" ne fait pas partie de son vocabulaire.
Une très belle exposition, riche et variée, que je recommande à tous les fans de Bob Dylan mais aussi aux amoureux des années 60.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire