Arts élitistes

Mercredi 15 mai
Le flyer de l'expo

Expo/


L’art contemporain en clair-obscur



       Le centre d’exposition Le Plateau, espace du Frac île-de-France, présentait jusqu’à aujourd’hui l’exposition « Paint it Black », qui rassemble des œuvres d’artistes contemporains en noir et blanc acquises cette année. Pour l’occasion, toutes les salles ont revêtu un manteau blanc et noir, ce qui immerge encore plus le visiteur dans l’atmosphère visuelle de l’exposition.
De nombreuses œuvres défilent devant nos yeux, avec comme seul point commun une même couleur. En effet, hormis cette cohésion chromatique, rien ou presque ne relie les différentes œuvres d’art qui nous sont montrées. Pas de thématique principale ni d’idée directrice, le noir et blanc est le seul critère à cimenter les œuvres entre elles. Ce parti-pris formel, s’il peut être discutable, a le mérite de permettre la présentation dans un même espace d’œuvres d’art très différentes et ainsi de privilégier l’appréciation de chacune d’elles dans sa singularité. Tableaux, œuvres en mouvement, vidéos, scripts, photographies, expérimentations visuelles, toutes les formes d’art contemporain y passent. En se baladant dans les couloirs en clair-obscur de « Paint it Black », on peut ainsi se retrouver face à une vidéo psychédélique de Joachim Koester, devant des photographies énigmatiques de Mario Torres, des négatifs saisissants de Dove Allouche ou encore des coléoptères en mouvement attachés à des pyramides miniatures.
La vidéo psyché de Joachim Koester
Toutes en noir et blanc, ces œuvres portent donc en revanche des messages très différents. Si l’une souligne l’issue implacable de la vie humaine, une autre nous questionne sur l’infini de l’univers, alors qu’une troisième nous plonge dans une ambiance cosmique. On finit dans la fumée face à une vidéo expérimentale. En une heure, notre soif de curiosité est étanchée, grâce à cette diversité de propositions artistiques. Comme il n’est pas toujours évident de saisir le sens des œuvres, des spécialistes sont présents pour répondre aux questions. Des éclairages souvent efficaces et intéressants. Cette démarche, tout comme la gratuité de l’exposition, vise à rendre accessible au plus grand nombre l’art contemporain, discipline souvent critiquée, parfois à juste titre, pour son élitisme. Enfin, les vidéos et les photos sont projetées au mur avec de vieux projecteurs d’époque, pour le plus grand plaisir des cinéphiles fétichistes.

Infos-pratiques : l'exposition s'est clôt ce dimanche.



Vendredi 29 avril

Expo/

2011, Odyssée de Kubrick


Depuis la mi mars se tient à la cinémathèque de Paris une exposition sur l'un des plus grands cinéastes du 20 e siècle, j'ai nommé Stanley Kubrick. L'évènement a reçu depuis quelques semaines un écho considérable dans les médias car il s'agit d'un cinéaste incontournable pour les cinéphiles et non cinéphiles, qui de surcroit créa souvent la polémique. En effet certains sont subjugués par le talent et le travail d'orfèvre du cinéaste alors que d'autres sont viscéralement anti-Kubrick, le prenant pour un fou. Cette exposition représente donc une occasion pour les détracteurs et les aficionados de se rassembler pour admirer de manière objective une œuvre cinématographique immense et complexe.
Pour l'occasion le musée du cinéma de Paris a réquisitionné 1000m² entièrement consacrés à Kubrick et son cinéma. Le problème lors des expositions parisiennes est l'affluence trop importante qui empêche d'admirer toutes les œuvres. Heureusement ce n'est pas le cas lors des nos 3 heures passées le mercredi 20 Avril dans le monde de Stanley Kubrick. Il y a en tout une dizaines de salles, chaque film de Kubrick correspondant à une ou plusieurs salles.
La première salle retranscrit par des explications textuelles, des extraits de films, des articles d'époque, les débuts de Kubrick dans le cinéma.
Il commença en fait par faire de la photographie, plus ou moins poussé par une famille de cinéphile. Un article d'archive de grande valeur accroché au mur nous explique qu'il fut engagé à 16 ans par le magazine « Scoop » après avoir photographié un vieil homme en détresse. C'est à 20 ans qu'il se lance dans le cinéma, réalisant quelques documentaires sur des boxeurs, des histoires poignantes. Dans cette première salle comme dans toutes les autres on découvre de nombreux objets de grande valeur ayant appartenu au cinéaste. Parmi ces reliques présentées lors de cette exposition on trouve la fameuse « steadicam » qui permit les fameux travellings, emblématiques du cinéma de Kubrick. La taille des salles est inégale, certains films faisant l'objet d'une analyse plus complète. C'est notamment le cas pour « 2001, Odyssée de l'espace » qui est le film disposant du plus grand espace. La salle consacrée au mythique film Shining est également parmi les plus grandes. On y découvre entre autre le couteau de boucher ainsi que la fameuse hache que jack Torrance utilise pour défoncer la porte de la salle de bain.
Les films « Orange Mécanique » ainsi que « Docteur Folamour » occupent également un espace conséquent. En revanche certains de ses long-métrages comme « Barry Lyndon », Full Metal Jacket ou encore Spartacus font l'objet d'une courte rétrospective, regroupée pour chacun d'eux dans une vulgaire et unique pièce.
Exceptés les documentaires qu'il réalisa en début de carrière ce sont donc 10 films de Stanley Kubrick qui sont présentés, décortiqués, analysés, documentés... L'exposition est particulièrement riche en pièces d'archive inédites, qui permettent au visiteur de se plonger dans le monde du défunt réalisateur : correspondances de Kubrick, photos des tournages, scénarios au brouillon, feuilles de paye des acteurs. A travers ces différents documents on apprend des anecdotes exclusives comme par exemple l'acteur qu'il a viré ou ces avis sur certaines filles... Mis à part ces petits détails qui rajoutent simplement un peu de piquant, de nombreux extraits vidéos, maquettes, plans de tournage et autre explications des techniques de Kubrick permettent de comprendre en profondeur les constituants de son cinéma. De nombreux éléments mis à notre disposition nous font clairement comprendre qu'il était un cinéaste pointilleux, perfectionniste, passionné et extrêmement talentueux. De nombreuses techniques cinématographiques comme le travelling ou d'autres ont été porté à leur plus haut niveau avec Kubrick. Ce qui ressort également à la vue de cet exposition c'est son extravagance, son originalité, son tempérament, son génie tout simplement. Enfin, j'ai remarqué après avoir vu des extraits des 10 films exposés qu'aucun d'eux ne se ressemble. Ils sont tous singulier, traitent de sujets très variés,  d'époques différentes, et contiennent presque tous une atmosphère qui leur est propre.


Vendredi 22 avril

Expo/

Une exposition qui a du caractère

Messerschmidt, sculpteur Allemand du 18e siècle, est exposé de janvier à mai sous la pyramide de verre.

En organisant une exposition sur l'allemand Franz Xaver Messerschmidt, le Louvre fait la part belle à la sculpture. En effet depuis le début de cette année 2011 une petite trentaine de têtes sculptées par l'artiste sont présentées au grand public. Le choix de la part du musée Parisien de mettre ce sculpteur à l'honneur témoigne d'une certaine originalité. Car ces têtes dites « de caractère », qui furent à l'époque de Messerschmidt sujettes à controverse, n'ont pas beaucoup de descendantes parmi la sculpture contemporaine. Cela peut s'expliquer par le décalage et l'absurdité de certains de ces visages qui rendent son œuvre incomparable. Façonnées dans un alliage de plomb et d'étain, les têtes de caractère du sculpteur allemand nous donnent à voir diverses expressions du visage humain. Messerschmidt les a conçu avec une grande précision ce qui facilite grandement leur compréhension. Chez lui les traits du visage sont accentués, les mimiques presque surréalistes.
En vous baladant dans les couloirs de cette petite exposition vous avez de fortes chances de vous retrouver nez à nez avec une tête d'homme pensif, effrayé, joyeux, voire dérangé par des odeurs nauséabondes. Nul besoin de se pencher ou de faire des cabrioles, les sculptures sont soigneusement disposées dans des petites boites de verre à hauteur d'œil. Grâce à de nombreuses explications textuelles ainsi qu'un catalogue fourni vous saurez tout de l'univers de l'artiste, burlesque et singulier.